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Journal d'une jeune maman
29 septembre 2009

On se relève, on redresse les épaules, et on repart !

Décidément, cette année, j'aurai pris mon lot de coups de massue ! Et j'ai beau me répéter que ce qui ne tue pas rend plus fort, j'ai parfois du mal à m'en convaincre... Mais voilà, de toute façon on n'a pas le choix, alors on avance.

Pour reprendre là où je m'étais arrêtée, c'est à dire en avril, ça a commencé par une merveilleuse nouvelle - ça arrive parfois - je suis retombée enceinte. A peine un mois après ma fausse couche, j'étais aux anges, cette fois-ci c'était la bonne ! Une grossesse on-ne-peut-plus normale, avec nausées et grosse fatigue, la routine quoi. Par contre, au boulot, le rythme était toujours aussi infernal. Entre les heures sup' et les transports qui n'en finissent pas, je me suis épuisée à vitesse grand V. Jusqu'au matin de fin juin où je n'ai pas pu me lever pour partir travailler. Je suis allée voir ma doc qui - un peu affolée par mon état d'épuisement - me propose illico un arrêt d'un mois. Et moi, bêtement, affolée par la pile de dossiers qui allait m'attendre au bout d'un mois, j'ai négocié pour le limiter à 2 semaines. Stupidité quand tu nous tiens...

Début juillet, presque 3 mois de grossesse, j'ai déjà un joli petit bidon tout rond, à tel point que tout le monde au boulot est déjà au courant, et j'ai les seins gonflés, prêts à exploser, je ne rentre plus dans mes soutien-gorges. Elvéa a remarqué mon gros ventre, alors je lui explique qu'elle va avoir un petit frère ou une petite soeur. Elle est ravie, elle caresse et embrasse mon ventre tous les soirs avant le dodo. Bref, tout va pour le mieux.

Le 8 juillet, c'est le grand jour, l'écho du 3è mois, celle où on découvre son bébé pour la première fois, celle qui marque la fin de la grande angoisse de la fausse couche, un jour merveilleux en perspective, sous un soleil magnifique... Mon homme m'accompagne dans l'hôpital tout neuf où j'ai pris rendez-vous en me disant que ça me permettrait de me faire une idée de l'endroit, histoire de voir si je pourrais m'y inscrire. L'échographe me pose quelques questions puis démarre l'écho. Il a l'air un peu spécial, mais je m'en fiche, rien ne peut gâcher ce merveilleux moment. Pendant un moment il ne dit rien, puis, avec un sourire visiblement satisfait, annonce "votre grossesse est arrêtée !". Pendant un quart de seconde je crois que c'est une blague, avec un sourire pareil il ne peut pas être sérieux. "Je... Je vous demande pardon ?" - "Ben ne me regardez pas comme ça, je vous dit que votre grossesse est arrêtée, il n'y a pas d'activité cardiaque, ça fait au moins deux semaines vu la taille du foetus !". Je crois que mon coeur s'est arrêté pendant quelques secondes. Si je n'avais pas été alongée, je crois que je me serais évanouie, mais finalement, ce sont les larmes qui sont montées, silencieusement... L'échographe me dévisageait avec un mépris à peine dissimulé "Ben vous savez, c'est pas grave, hein, c'est juste une fausse couche ! Par contre faudra le faire enlever et en informer le gynéco qui vous suit. Je vous laisse effectuer le règlement auprès de la secrétaire." Voilà les seules paroles de l'échographe. Je l'ai haï. Mais en même temps, plus j'y pense et plus je me demande s'il existe une bonne façon d'annoncer ce genre de chose...

Les jours qui ont suivi on été cauchemardesques, des allers-retours à l'hôpital (un autre hôpital !) tout récent lui aussi, mais avec une organisation phénoménale ! Le jour-même je me présente aux urgences gynéco. N'y trouvant personne, je me décide à prendre un ticket au guichet "normal". Après 1h d'attente, les grilles descendent et les secrétaires annoncent "il est 18h, désolé, on ferme ! Mais vous pouvez vous présenter aux urgences pédiatriques juste en-dessous...". Je vais donc faire la queue aux urgences pédiatriques, et quand enfin j'arrive à parler à quelqu'un, on me dit "Vous avez moins de 18 ans ? Non ? Alors c'est à l'étage au-dessus !". Et lorsque je dis que j'en viens et que ce sont les secrétaires d'en haut qui m'ont dit de descendre, la dame me demande d'un air légèrement agacé "Mais vous voulez faire quoi exactement ??". Je lui expose alors mon cas, et elle m'annonce "Et ben alors il faut aller aux urgences gynéco !" J'ai cru un moment à une caméra cachée, mais non, c'est juste le fonctionnement normal de cet hôpital... Quoi qu'il en soit, 2h après mon arrivée, retour au point de départ. J'arrive enfin à parler à quelqu'un au guichet des urgences gynéco qui m'annonce "il faut aller faire faire vos étiquettes à côté des urgences pédiatriques." Encore une fois je me demande si c'est une blague, mais non, ici les patients sont baladés et étiquetés...

J'arrive finalement à avoir une consultation avec une interne qui me refait une écho. Elle me confirme que l'aspiration ne sera pas suffisante et me déconseille la pillule abhortive, psychologiquement difficile à vivre. La meilleure solution est donc le curetage, sous anesthésie générale. L'hospitalisation ne dure qu'une journée et on peut ressortir le soir à condition de ne pas conduire et de ne pas rester seule dans les 24h qui suivent. La suite a fait remonter mon opinion sur cet hôpital. Ils se sont chargés de prendre tous les RDV, anesthésiste, prises de sang, hospitalisation sur un délai très court. En 72h tout était terminé. Je leur suis vraiment reconnaissante d'avoir limité le cauchemar à 3 journées, même si au milieu j'aurais aimé éviter d'entendre de la bouche d'une secrétaire un "Ah c'est pour un curetage ? C'est une IVG j'imagine..." tout à fait déplacé.

Enfin voilà, le 10 juillet l'aventure était terminée, j'étais dévastée, et j'avais l'impression que personne ne comprenait. Je ne sais pas combien de fois j'ai entendu "C'est pas grave tu sais, tu pourras encore avoir des enfants". Est-ce que c'est censé soulager ? Est-ce que je suis censée me dire "un de perdu 10 de retrouvés" ? Et ben non, dans la tête d'une maman, c'est pas comme ça que ça se passe. J'avais l'impression de ne pas avoir le droit d'être triste, de ne pas avoir le droit de pleurer, "parce qu'il y a des choses bien plus graves dans la vie". Et bien oui, je sais qu'il y a des gens bien plus malheureux que moi, mais mon malheur à moi, à l'instant T, c'est cette fausse-couche, alors laissez-moi faire mon deuil à ma manière !!

Par chance, Elvéa étant en vacances avec sa marraine pendant cette période vraiment difficile. Je n'aurais pas voulu qu'elle me voie avec le visage complètement décomposé, toujours les larmes aux yeux... J'ai beaucoup réfléchi à comment lui annoncer tout ça, comment aborder le sujet, je me suis demandé si elle allait se rendre compte de quelque chose. Mais le soir même de son retour, elle me touche le ventre - ventre presque revenu à sa taille normale - et me dit "il est où le bébé ?" Je ne sais même plus ce que je lui ai raconté, je me suis surtout concentrée pour ne pas fondre en larmes devant elle. En tout cas ça n'a pas eu l'air de la perturber. Elle en a encore reparlé plusieurs fois par la suite, mais sans plus.

De mon côté, presque 3 mois plus tard, j'ai fait mon deuil, je ne me réveille plus la nuit en pleurant, et je ne ressens plus ce pincement au coeur quand je croise ma soeur, ma belle-soeur et mes 2 collègues qui sont enceintes. Mais malgré tout, je sens que même si c'est cicatrisé en surface, il suffit de gratter un peu pour que la douleur ressorte.

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Commentaires
S
Coucou la miss!!!<br /> Comment vas-tu depuis tout ce temps? Eléa pousse tjs aussi bien?<br /> J'espère avoir vite de tes news!<br /> Bisous
L
Merci à tout le monde, et merci ma mamounette, heureusement que tu as été là ! Je t'aime fort. Bisous bisous
M
c'est juste une Moune qui t'envoie une provision de gros bisous soulageurs de chagrin pour t'aider à passer les moments difficiles à venir (l'arrivée prochaine de bébés dans ton entourage par exemple)et pour mieux attendre des jours meilleurs et heureux avec l'aide précieuse de petite poussinette du bois joli<br /> le chagrin est un peu moins lourd s'il est partagé avec un coeur de Moune
J
Coucou ma belle je vien de lire ton histoire c'est une chose tellement horrible et injuste j'éspère vraiment que tu retrouveras ton sourire car sa doit être une chose pénible à vivre je vous embrasse fort bisous!
S
PS: j'aime beaucoup ta façon d'écrire, on ressent très bien l'émotion, c'est agréable à lire. C'est pourquoi je me permets de te laisser un petit message.
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